L’article

Abstract

« In fact, this technology gave a lot of credit to creative software.
These programs were restricted for a long time to an elite. Since
their emergence, people have started to use them without having
academic knowledge about them. It was the birth of amateur
graphic design. This study aims was to explain why posters can be
considerated as a medium of choice for amateurs in graphic design.
The writing of this thesis was based on testimonies, thesis from
former students and case studies about great graphic designers like
David Carson or Neville Brody. The results essentially pointed out the differences between amateur sand professionals in the concerned field without putting one to the benefit of the other demonstrated the advantage of both parts. Amateur graphic design can be comparable to movements disapproved by the elders of their time: the grunge typographies of David Carson or Edward Fella’s vernacular creations. It was shownthat these passionate people will give birth to a new way to create.
« 


Introduction

Amateur, n.m . : Un amateur est une personne qui se livre à une activité en dehors de son cadre professionnel, généralement sans rémunération, et dont la motivationressort essentiellement de la passion. Définition de Wikipédia.

Le graphisme est un domaine accessible à tous mais nécessitant tout
de même une formation afin d’être maîtrisé. C’est ce qui différencie
l’amateur du professionnel. La démocratisation des outils de création
n’a fait que confirmer ce constat. L’un se complaît dans la débrouille
alors que l’autre apprend et applique les points assimilés. Mais si
tout le monde peut alors se targuer d’être graphiste, à quoi servent
donc les études à l’ère des tutoriels et blogs spécialisés sur Internet
? L’émergence de techniques DIY donnera naissance à bon nombre
de fanzines et de journaux étudiants, source du graphisme amateur
d’aujourd’hui.


L’un des domaines dans lequel l’amateur sait le plus se démarquer est sans doute celui de l’affiche. Panneaux d’affichage municipal, écoles, lieux publics pour promouvoir associations locales, centres sociaux: l’affiche amateur est partout. En quoi l’affiche est-elle un support d’expression de choix pour le graphiste amateur ?


Il s’agira tout d’abord de définir le graphisme amateur : quelles
formes peut-il prendre et où se place-t-il ? Qu’est-ce qui caractérise ce graphisme « de garage », propre au domaine de l’affiche ? Qu’est-ce qui le différencie donc de son homologue professionnel ? Nous aborderons ultérieurement la démocratisation des logiciels de création pour enfin terminer sur les notions de transgression et de renouvellement dans la pratique graphique de l’affiche.


Définition

Affiche, n.f. : Support de publicité ou de propagande destiné à être vu dans la rue et plus généralement
dans les espaces publics. Imprimée sur papier, du tissu ou des supports synthétiques, elle adopte des
dimensions variables, pouvant aller jusqu’à plusieurs mètres. Définition de Wikipédia.

Le graphisme amateur : une pratique protéiforme

Le graphisme amateur englobe essentiellement les supports imprimés : affiches et flyers réalisés avec les moyens du bord avec une disposition sans doute hasardeuse des informations et affichés ça-et-là dans les quartiers. L’amateurisme ne couvre pas que les supports imprimés mais aussi les communications sur Internet : la promotion d’événements sociaux ou de « small business » sur les réseaux sociaux.

Un graphisme amateur circonscrit géographiquement

Les graphistes dits amateurs sont souvent des employés ou des bénévoles sollicités en interne afin de réaliser des contenus graphiques. Cela est souvent observable dans les petites structures de quartiers. Il leur est nécessaire de promouvoir un évènement dans un temps proche et de fournir un travail rapide à cause de dates limites parfois assez courtes qui ne permettent pas de faire appel à des personnes qualifiées.


EXPERTS ET AMATEURS, OPPOSÉS SUR LE SPECTRE DU GRAPHISME

Experts contre amateurs — différences (professionnalisation et études contre passion)

Graphiste n.m : Un professionnel de la communication qui conçoit des solutions de communication visuelle. Il travaille sur le sens des messages à l’aide des formes graphiques qu’il utilise sur tout type de support Définition de Wikipédia.

Est-ce que tout le monde peut se revendiquer graphiste ? D’un point
de vue strict, non. Être graphiste implique de manipuler des signes
avec conscience de leurs significations, de se former et d’avoir une
certaine curiosité pour les arts graphiques.
Concernant la notion de signe précédemment évoqué dans ce
mémoire Sales caractères : petite histoire de la typographie mentionne

« [Un] Coffret [d’imprimerie] John Bull ne vous apprenait pas

à épeler correctement, et il ne vous apprenait pas grand chose

sur les polices de caractères mais c’était la manipulation qui

comptait »

C.F Sales caractères : petite histoire de la typographie Livre de Simon Garfield aux Editions Seuil – Chapitre 11 «Do It Yourself» (p.156-157)

En évoquant le John Bull Printing Outfit, un coffret de typographie
pour enfants, on retrouve ici les codes du Do It Yourself, ou encore
ce qu’on pourrait appeler de la débrouille chez le graphiste amateur.

L’enfant à la manière de l’amateur manipule le signe sans forcément
comprendre le sens mais arrive pourtant à produire quelque chose : il apprend ainsi, en manipulant les éléments comme des jouets. Ils ne sont comparables que dans ces limites . Ils n’ont de commun que l’idée d’un apprentissage naïf. Il est facile de se demander pourquoi certains ne font pas appel à des « vrais graphistes » afin de réaliser leur communication. Il faut souligner le rapport qualité prix : un amateur – souvent propre client de la structure pour laquelle il travaille – ne veut pas ou ne peut pas faireappel à un professionnel à cause des tarifs qui pourront être engagés pour une communication qui ne va pas durer dans le temps.

C’est notamment le cas pour de petites structures à échelle d’un quartier là où pour de plus grandes structures (institutions, entreprises…) la demande peut être alors envisageable.

L’affiche amateur : le règne du tuning

Tuning (ang.), Bolidage (fr.) n.m. : Ensemble des modifications apportées à un véhicule de série afin d’améliorer ses perormances ou son aspect, dans le but de le rendre unique. Définition de Wikipédia.

Quel est le rapport entre le graphisme et le tuning automobile ?
Ils demandent l’un autant que l’autre l’application d’un savoir-faire
afin de rendre sa création unique bien que le tuning évoque de
manière stéréotypée quelque chose de criard et de « ridicule ».
C’est le cas du Jacky Tuning : une voiture très mal réalisée, pas
finie, laide ou pleine de fautes de goût… Typiquement les adjectifs
que l’on pourrait associer à une affiche au fond fluo, écrite en Comic
Sans MS associés à des couleurs mal accordées sur un fond imagé
et pixelisé. Tout cela dans une ambiance véritablement anarchique.

Ce genre d’affiche peut nous sembler horripilant, comme la pire
des créations qu’il n’ait pu jamais exister, et pourtant ce « trop
faire » est bien l’une caractéristique principale du graphisme
amateur. L’amateurisme fait appel à des dépenses somptuaires : on
évoque ici le fait que l’amateur s’attèle à une certaine surcharge,
sans que cela ne soit réellement utile à la transmission de
l’information voulue. Là est le propre de l’amateur qui ne cherche
qu’à « se lâcher »sans hésiter dans le but d’attirer les regards. Il
reste important de souligner le besoin de visibilité au détriment de
la lisibilité : c’est le concept d’impact mémoriel, l’affiche doit être
vue avant d’être lue.

Le graphisme amateur reste néanmoins nécessaire malgré tout ce qu’on peut en dire de négatif, c’est un graphisme qui peut rester fonctionnel : il fait office de communication sans pour autant avoir toutes les règles et atouts en tête. Il s’affranchit des courants graphiques et des effets de mode, c’est ce qui en fait son originalité.

Graphisme et démocratisation des outils de création

Le graphisme est un média que l’on suppose souvent comme
numérique, ce qui induit donc l’utilisation de logiciels : nous pouvons
bien évidemment nous référer à la Creative Suite d’Adobe et ses
nombreux logiciels permettant de réaliser des œuvres diverses et
variées . Il est d’ailleurs rare que le professionnel se dissocie de cette Creative Suite tant elle a su se démocratiser au sein du domaine du design graphique. Depuis quelques années, on observe une forme de « casualisation » des logiciels. Ils deviennent davantage abordable de par leur facilité de piratage, mais c’est sans parler de la nuée de tutoriels disponibles sur internet. Ces derniers permettent un apprentissage en dehors du circuit dit standard, Sasha Bridenne* souligne l’idée d’une transmission du savoir de manière digitalisée.


Si les études de design graphique et donc les professionnels de ce
domaine subsistent encore, c’est bien car ils nous enseignent les « fondamentaux » et « les règles » qui entourent un domaine qui
pourrait paraître obscur aux non-initiés. L’amateur apprend sur le
tas, tandis que le graphiste professionnel s’abreuve de pratiques et
d’exercices de réflexion, de conception et de démarches créatives…

L’auteur évoque une nuance entre amateur et professionnel. Est-ce
que l’un est plus légitime que l’autre de par son statut, ses diplômes ? « Il existe un bon et un mauvais graphisme, mais il est clair que la
différence professionnelle et amateur ne statue clairement pas
comme un critère d’évaluation. » déclare Anaïs Marquette, graphiste
interrogée dans le cadre de ce mémoire.
Si Adobe est la référence du graphisme en terme d’outil, il subsiste
des alternatives gratuites telles que Inkscape*** permettant de
s’exercer sans abonnement mensuel exorbitant. Quoiqu’il en soit, il
est important de souligner que le logiciel est convoqué pour donner
une forme « finale » au concept et l’amener vers la production. Ce
n’est pas tant le logiciel qui compte mais plutôt la manière et la raison de l’utiliser.

*Affiches, identités visuelles, logotypes, etc…
** Ancien étudiant de DSAA Textile au sein de l’é.s.aa.t
***Alternative d’Adobe Illustrator


UN GRAPHISME QUI S’INSPIRE DES CODES AMATEURS

Graphisme et transgression ; puiser dans les pratiques amateurs afin de transgresser

Conformisme n.m. : Attitude très largement étudiée en sciences sociales qui correspond à un comportement qui est en accord avec ce qui est attendu d’un individu ou d’un groupe dans une situation. Définition de Wikipédia.

Le conformisme nous fait rentrer dans des cases. Il
mène inévitablement à ce que toutes les productions se
ressemblent : il n’y aurait plus aucune originalité et pourtant, ce
graphisme serait considéré « comme bon » puisqu’il respecte les
normes et les règles attendues.
Il est compréhensible de voir certains designers vouloir sortir des
sentiers établis non pas dans un but de rébellion contre le
système mais davantage de renouvellement de ce qui est établi. Il
s’agit de connaître les règles afin de mieux les enfreindre : donner
lieu à un détournement malin et pertinent. Ce genre d’initiative
peut être perçu comme une forme d’émancipation. Ainsi la
reprise de codes amateurs par des professionnels peut sans doute
donner lieu à des créations bien plus intéressantes qu’on ne
pourrait l’imaginer.

Par ailleurs Le Fanzine est sans doute l’exemple le plus parlant lorsqu’on aborde le sujet de l’amateurisme dans le graphisme.

Graphisme et renouvellement : puiser dans les pratiques amateurs afin de renouveler le langage de l’affiche

Il existe une forte volonté de conformisme au sein de notre société,
qui s’applique par ailleurs au design graphique de par ses nombreuses règles (celles de mises en pages par exemple…)
Il serait vaniteux de revendiquer l’amateurisme comme révolutionnaire en comparaison de graphistes bien plus grands comme David Carson, bien connu pour ses travaux dans une idée de déconstruction de la matière qui lui est mise à disposition.
Les années 80 ont été une période charnière du graphisme de par
l’arrivée des ordinateurs qui ont permis de réaliser une nouvelle
forme de graphisme : le graphisme amateur. C’est là qu’ont explosé
certaines formes d’expressions – la mise en page typographique
notamment. David Carson lui vient chambouler la fonction de lisibilité de la lettre et la transforme en un élément plastique manipulable, qu’il peut destructurer, triturer… D’où la naissance de nombreuses typographies, et notamment de la fonderie Emigre…
Ces nouvelles formes d’expressions ont bien déplu aux plus
conservateurs mais il est pourtant impossible d’en nier leurs effets
sur la pratique du graphisme ainsi que les nouveaux courants qu’ils
ont pu ouvrir. *

* Les typographies grunges notamment, avec la FF Dirty One disponible sur Fontshop.com par exemple.


Conclusion

Il y a supposément tout intérêt à ce que les professionnels tentent de se pencher vers cette nouvelle forme d’expression. N’est-ce pas par
l’observation de l’amateur que l’on apprend à ré-observer les choses ? Sous un œil plus naïf certes, mais cela nous permet de chercher ailleurs de nouvelles inspirations, d’avoir une nouvelle vision…
Après tout, c’est en ayant cette curiosité graphique que l’on peut arriver à progresser en tant que designer graphique. Le graphisme amateur possède une place prédominante dans le domaine de l’affiche, qu’elle soit promue de manière digitale ou sur supports imprimés.


Bibliographie (Décembre 2022)

  1. Yohann Bertrandy Tout le monde est graphiste et le compte-rendu de lecture rédigé dans le cadre de ce mémoire.
  2. Interviews auprès de Anaïs Marquette et Estelle Poitevin réalisées dans le cadre de ce mémoire.
  3. Travaux de David Carson et de Neville Brody
  4. Sales caractères : petite histoire de la typographie Simon Garfield, Editions Seuil Chapitre 11 pages 153 à 164
  5. Mémoire de Sacha Bridenne DSAADT 2021 ESAAT ROUBAIX « Vers un Design du faire »